Au sud du fleuve Yangtsé ⅩⅣ 
cctv.com 05-07-11 11:34 

La brise printanière apporte des pluies. Quand nous descendons le mont Huangshan, notre pensée fait l’asension vers le ciel.

Il ne faut pas beaucoup de temps pour aller du mont Huangshan au mont Jiuhua (九华). Avant de parvenir à la Terre pure des Fleurs de Lotus, nous avons visité le village Hongchun (宏村)au passage. Sur le chemin menant au village, nous avons feuilleté un album de photos en noir et blanc, qui montre de vieilles maisons condamnées à disparaître dans un avenir proche. Nous avons été fort émus par ces demeures tranquilles baignant dans le crépuscule, par leurs escaliers de bois et par les rayons indolents s’infiltrant à travers leurs toits.

Nous avons la nostalgie des veiilles maisons, surtout du mode de vie simple et insouciant qu’elles abritent. Elles sont épargnées de la fièvre commerciale qui règne aujourd’hui, et de la technologie informatique qui se développe à une vitesse si rapide que nous craignons toujours de ne pas rattraper ses progrès.

C’est justement la simplicité et une manière insouciante qu’a créées le village Hongcun avec ses vieilles maisons en noir et blanc, ignorant le rythme accéléré de la vie moderne. Maintenant ce village a attiré le regard de l’extérieur. Le monde entier sait qu’il y a Hongchun sur le chemin conduisant du mont Huangshan au mont Jiuhua.

Nous voilà arrivés au mont Jiuhua. Levant la tête, nous voyons du broulliard et des nuages flotter au-dessus d’une riche végétation couvrant les hauteurs. Jetant notre regard tout autour, nous apercevons les volutes de fumée s’élever des cuisines des maisons au pied du mont.

Le mont Jiuhua fut appelé un temps le mont Jiuzi (九子). Li Bai(李白), grand poète de l’époque des Tang, passa par la région il y a mille ans. Au pied du mont, notre poète romantique exprima son émotion en décrivant les pics, les sources et les ruisseaux. Goûtant une tasse de vin en même temps qu’il contemplait la neige et les pins, tout herueux et décontracté, il chanta : “Partageant l’influence merveilleuse des deux principes de l’univers, le mont Jiuhua est devenu une montagne de l’âme.” L’année suivante, Li Bai remonta le Yangtsé et fit escale à Qiupu (秋浦). Une fois de plus il regarda dans la direction du mont Jiuhua, et regretta de ne pas l’avoir admiré de plus près. Il laissa ces vers célèbres : “Naviguant jadis sur le Yangtsé près de Jiujiang, je regardai de loin les neuf pics du mont Jiuhua. Le fleuve céleste déversait en cascade ses eaux vertes, et les pics s’épanouissaient comme des fleurs de lotus.” Le mont Jiuhua est un haut lieu du bouddhisme. Comme les bouddhistes vénèrent la sainte pureté des fleurs de lotus, le poème de Li Bai est un chant d’adoration du Bouddha.

Coussins de prière, poissons de bois, chapelets, sons de la cloche et du tambour, lumière de la lampe à huile. Nous nous approchons enfin des monastères et des couvents bouddhistes du mont Jiuhua.

Dans un passé immémorial, le bodhisattva Ksitigarbha fit le voeu de délivrer des souffrances tous les êtres vivants. Il avait traversé d’innombrables épreuves avant de devenir bodhisattva, mais refusa d’occuper sa place dans la Terre pure.

Ksitigarbha avait une grande compassion pour les misères du monde. Il fit un serment : “Parmi les créatures vivantes tous les hommes sont mes pères, et toutes les femmes mes mères. Je ne m’identifierai pas au Bouddha aussi longtemps que je ne délivrerai pas de l’enfer toutes les créatures vivantes.”

Beaucoup d’années après, sous l’époque Tang, un moine du nom de Jin Qiao (金乔), incarnation de Ksitigarbha, arriva en Chine en venant de l’Etat de Xinluo (新罗)en Corée. Ksitigarbha Jin avait pris un bateau et traversé la mer tout seul. Impatient de connaître l’atmosphère du Mahayana sur la terre chinoise, il désira surtout apprendre les moyens de délivrer des souffrances toutes les créatures vivantes.

Quand le poète Li Bai, emporté par son inspiration, escaladait les montagnes et traversait les rivières, Ksitigarbha Jin voyagea dans le Sud du Yangtsé. Alors que Li Bai regarda de loin le mont Jiuhua, Ksitigarbha Jin avait trouvé un lieu retiré pour pratiquer le bouddhisme au mont Jiuhua.

Dans les années suivantes, Ksitigarbha Jin se défit de tout souci et passa le temps à méditer en position assise. Il buvait de l’eau de source, mangeait des fruits sauvages et couchait sur un roc. Calme et serein, il ignorait la solitude et les tribulations. Un jour, un petit garçon vint dans la montagne. Il resta pour tenir compagnie à Ksitigarbha Jin. Le vieux moine et le petit garçon devinrent bons amis. Plus tard, le garçon eut si fort envie de revoir son pays, qu’il décida de descendre la montagne. La séparation coûta beaucoup au vieil ermite. ‘‘Ne pleurez pas au moment de dire adieu, car le vieux moine aura pour compagnon la brume et les nuages.” Ces deux vers sont tirés de l’un des deux poèmes que Ksitigarbha Jin laissa en tout et pour tout. Quelquefois, la dévotion suprême au bouddhisme est aussi le désir humain le plus ordinaire, et les sentiments d’amitié les plus ordinaires recèlent le sens le plus profond de la foi bouddhique.


Dans un ouvrage sur le mont Jiuhua, on trouve l’histoire suivante : En 756, par un jour ensoleillé de printemps, un lettré du nom de Zhuge Jie (诸葛节), habitant du district de Qingyang (青阳)au pied du mont Jiuhua, escalada le mont avec des amis proches.

Des nuages blancs flottaient dans le ciel. Le mont Jiuhua était couvert de verdure. Chemin faisant, Zhuge Jie et ses amis causaient avec entrain.

Quand ils passèrent devant une grotte du pic Dongya (东崖), ils virent un vieux moine assis immobile et les yeux fermés. Il était plongé dans la méditation. A ses côtés, dans un trépied de fer brisé il y avait de la terre blanche mélangée d’un peu de riz. Tout le monde fut consterné. Zhuge Jie dit : “Le moine mena une vie de mortification sans l’aide de personne. C’est notre faute.” Il discuta avec ses amis pour trouver le moyen de bâtir un temple pour le moine. C’était bien sûr Ksitigarbha Jin. Zhuge Jie lui parla de leur voeu et il accepta. Ensuite le lettré et ses amis descendirent le mont, racontèrent aux habitants cette rencontre et leur projet. Les gens admirèrent le moine pour sa résolution et se cotisèrent pour construire un temple. On alla donc dans la montagne pour abattre des arbres et préparer le terrain. Bientôt surgit un temple splendide. Emus et inspirés par l’esprit de Ksitigarbha Jin, les fidèles vinrent en foule au temple pour adorer le Bouddha.

Bien des années s’écoulèrent dans la montagne tranquille. En 794, Ksitigarbha Jin avait vécu 99 ans dans le monde humian. En fin d’été il réunit ses disciples pour leur faire adieu. Quand il trépassa, les disciples placèrent respectueusement sa dépouille dans une boîte de pierre. Trois ans après, ils ouvrirent la boîte pour transférer la dépouille mortelle dans un stûpa de pierre. A leur grande surprise, ils trouvèrent le maître maintenu dans la position assise comme s’il restait vivant. Quelqu’un se mit à secouer les articulations de ses os, et ils produisirent un son de cadenas d’or. On se rappela ces mots d’un canon bouddhique : “Les os d’un bodhisattva sont entrecroisés entre eux et sonnent comme des cadenas.” On réalisa que Ksitigarbha Jin s’identifia au bodhisattva Ksitigarbha non seulement par le nom, mais aussi par les signes, et qu’il avait été l’incarnation de ce dernier. “Parmi les créatures vivantes tous les hommes sont mes pères, et toutes les femmes mes mères. Je ne m’identifierai pas au Bouddha aussi longtemps que je ne délivrerai pas de l’enfer toutes les créatures vivantes.” Sa sainteté était un esprit immortel.

Un vieux moine demanda à un adorateur : “Avez-vous jamais visité ce temple ?” “Non”, répondit l’homme. Le moine dit : “Allez prendre du thé.” Puis il posa la question à un autre adorateur : “Avez-vous jamais été ici ?” “Oui”, répondit l’autre. Le moine dit : “Allez prendre du thé.” Un jeune moine lui demanda : “Pourquoi avez-vous dit à l’un comme à l’autre d’aller prendre du thé ?” Le moine dit : “Allez prendre du thé.”

Cette histoire n’a rien à voir avec le thé. Seulement elle peut provoquer quelque illumination en nous quand nous entrons dans la Salle de la Dépouille mortelle du pic de la Lumière divine du mont Jiuhua.

“Le bodhi n’est pas un arbre. Le miroir ne repose pas sur un socle.” Ainsi disait un maître bouddhiste. Un jour dans le bas monde ou le lendemain matin, un mortel se convertit au bouddhisme. Quelquefois, quand on prend l’habit du moine, on ne quitte pas pour autant la société humaine. Quelquefois le coeur d’un moine est plus proche du monde des hommes. Le moine fait quelque chose pour le monde des hommes tout en détachant son esprit des préoccupations humaines.

Nous buvons du thé du matin au soir. Le thé semble être un collègue de notre bureau ou un membre de notre famille.

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