Au sud du fleuve Yangtsé Ⅳ 
cctv.com 05-07-01 10:50 
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C’était la 2e Année du règne de Shaoding sous la dynastie des Song du Sud. Par un matin lumineux, Li Shoupeng, le préfet de Suzhou, convoque ses collègues dans une réunion. Après un préambule routinier qu’ «un gouverneur local se doit à apporter le bonheur à son peuple», il entre dans le vif du sujet : il s’agit d’établir un plan de la ville de Suzhou. A l’instigation de leur chef, les participants de la réunion, qui sont pour la plus part des rats de bibliothèque, sont obligés de sortir de leur cabinet et passent la ville à peigne fin. Ils notent fidèlement ce qu’ils voient et le font graver sur une grande stèle. Ainsi est né le premier plan de la ville, intitulé Tableau de Pingjiang.

Sur ce plan figurent les rues et le réseau de canaux, ainsi que les principaux constructions et monuments disséminés dans la ville. Les artères et les ruelles, tissus en bon ordre, restent grosso modo identiques à celles d’aujourd’hui, même les noms de certaines rues sont encore en usage.

Face au Tableau de Pingjiang l’historien Gu Jigang ne cache pas son admiration: «Suzhou possédait à l’époque la meilleure infrastructure municipale du monde. Le réseau de canaux facilitait le transport et le lavage à l’intérieur comme à l’extérieur de la ville. Les rues étaient pavées de cailloux et les piétons avaient les pieds secs sous la pluie. On prétend que « les femmes gardaient toujours leurs chaussures en satin rouge brodé les jours pluvieux.»

Voici une des ruelles pavées, dans la ville de Suzhou.

Il existe un poème qui chante la beauté de ces ruelles :

« A l’entrée de la ruelle, chant des loriots,

Sur la rivière de Pie, de la glace à flots;

Partout sur les ondes couleur d’émeraude,

arquent les ponts de balustrades rouges.»

Une d’entre elles a inspiré les vers de Dai Wangshu, poète moderne :

«Avec un parapluie en papier huilé, seul, je déambule dans une longue et longue ruelle solitaire, sous la pluie et j’espère rencontrer une jeune fille triste, aussi triste qu’une fleur de lilas... »

La ruelle aux Lilas est typique de ses mille semblables. Elle se situe entre la rue Pingjiang à l’ouest, et la rue Zhicang à l’est, et parallèle au nord à la ruelle Zhongzhangjia, au sud à celle de Daliuzhi.

On se demande quel heureux hasard a parachuté notre poète dans cette vielle ruelle pavée de pierre. Quelqu’un a eu l’idée d’aller chercher les indices d’antan. Pourtant, partout dans cette ville règne une ambiance propre à une telle sensibilité poétique. En ce sens Suzhou est unique.

C’est toujours cette même ruelle enveloppée de brume vaporeuse, de bruits de la pluie et de cris de vendeurs des fleurs d’abricotier, qui insuffle un souffle à ces vers si lyriques et naturels :

«Sous le voile de l’eau et de la brume, la capitale des Wu a ses portiques à flots sur les ondes vertes.A l’ombre des saules, les ruelles paraissent plus profondes,tandis que les bateaux semblent naviguer dans une peinture bleue.Derrière les portes pourpres, s’abrite une myriade de chambres.Au-delà des parapets rouges, s’érigent des centaines de pavillons.»

Vers de style relevé, qui savent pourtant rester mondains, avec une élégance qui dissimule sa richesse et sa fraîcheur dans un silence profond.

Et cette fraîcheur vient des ruelles calmes de la ville: paves de cailloux, murs hauts de pignon, cours profondes derrière les portes encadrées de pierre.

Elle provient aussi des livres antiques édités sous les Song, des céladons sorties du four des Ming et des Qing; elle erre dans les chants rythmiques et la flûte de l’opéra Kunqu, plane dans les jardins de Suzhou, chefs d’œuvre de l’art architectural.

Yu Qiuyu écrit : Il y a quelques années, les Etats-Unis venaient de célébrer leur double centenaire, et à la cérémonie inaugurant les jeux Olympiques de Los Angeles, ont été fêtés en grande pompe leurs deux cents ans de l’histoire. Il en est de même pour l’Australie qui, à cette occasion a organisé une émouvante course de voiles. Par une heureuse coïncidence, la ville de Suzhou a passé sous silence son 2 500e Anniversaire. 2 500, c’est un chiffre vertigineux aux côtés des deux précédents. Le soir venu, ses habitants traversaient les rues anciennes de 2 500 ans pour rentrer chez eux, (là ils regardaient la transmission de télé américaine et australienne.) Dehors, les remparts couverts de glycines et la colline du Tigre s’estompaient dans les ténèbres.

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